jeudi 12 novembre 2009

PAROLES...PAROLES

Elle : je voulais te demander...mais je ne sais pas...
Lui : oui ?
Elle : est-ce parce que je suis malade que...
Lui : j'y ai pensé mais je n'ai pas de réponse....
Dans une voiture, un jour férié, quatre heures de route, quinze minutes de conversation véritable. Pourquoi donc est-ce si dur, si douloureux de dire des choses intimes, sincères et réelles. Il a fallu deux heures de route avant que je lui parle, que je lui fasse ma déclaration d'amour. Vingt deux années de mariage et je n'avais jamais fait ma déclaration...La peur des mots sans doute mais là, une évidence, une obligation presque, une urgence sans doute. Que les mots soient dits, enregistrés dans une mémoire, la mienne ou la sienne.
Les mots, on passe sa vie à les apprendre mais surtout pas à les utiliser à bon escient. Tout petit, nos parents nous ont appris à ne pas parler "à tort et à travers", respecter les gens, taire ses colères et du même coup on a appris à taire l'essentiel. Et je l'ai bien transmis cette chose-là. Et j'ai tous les regrets du monde !!! Pourquoi leur avoir transmis ce mutisme, cette incapacité à dire, exprimer l'essentiel. De quoi a-t-on peur ? Le ridicule ? Il y a belle lurette qu'il n'a plus rien tué celui-là !!! Même ma psy à l'époque où je la voyais, me déconseillait de dire les choses à mes grands enfants. NON , on ne peut pas tout dire. Non ! Aujourd'hui j'étouffe et ma charmante sorcière m'aide chaque jour un peu plus à ouvrir, entrouvrir mes lèvres pour laisser passer quelques mots.
Du bien, rien que du bien.
Alors je lui ai dit....

vendredi 9 octobre 2009

LA SORCIERE BIS

Je suis allée hier voir ma "sorcière", kinésiologue de son état, petite dame qui dégage une énergie fabuleuse. La voir, seulement la voir redonne courage. C'est étrange, moi qui vivais dans le doute vis à vis de ce genre de "pratique", je me retrouve conquise!!! D'abord elle me salue, poignée de main ferme et chaude accompagnée d'un regard "qui regarde", qui transperce presque. Elle ne demande pas "comment allez-vous?", non c'est plutôt : "vous êtes en grande forme aujourd'hui" ou "vous avez le teint terne" ou encore "venez, on va arranger ça". Bref l'accueil est en lien direct avec mon état d'esprit grâce à ce simple regard. De sceptique je suis passée à "en confiance". Nous échangeons quelques nouvelles, je lui explique mon mal être physique ou moral suivant les jours puis je m'allonge sur sa table de travail. On cale bien les jambes et la tête pour un confort obligatoire puis ses mains entrent en action. Elles les posent tour à tour sur ma tête, les épaules, mes hanches, mon ventre (aïe, le ventre!), mes cuisses, mes jambes et mes pieds. Plusieurs fois d'affilée et moi, je suis ses mains et prends doucement conscience de mon corps. Ecoutez-vous votre corps souvent ? Parce qu'il nous parle et pas seulement pour dire qu'il a mal ici ou là. Il communique souvent mais parle dans le vide. Personnellement, j'étais sourde à ses propos ; j'ai fait des progrès mais il faut en faire encore... La scéance continue et j'évacue les stress différents (boulot, famille, maladie ....) et refais le plein de choses positives. Je parle de mon coccyx qui me fait souffrir depuis des mois, sa main se glisse sous mes fesses et une chaleur se dégage aussitôt et soulage l'endroit. Bref je me relève sans aucun mal (au début je mettais 10 minutes à retrouver une position debout !) et allégée dans mon corps et dans ma tête. Retour à la maison, longue douche chaude et repos obligatoire dans mon fauteuil avec un thé servi par mon "petiot" d'1m85 qui respecte religieusement les consignes de ma "sorcière"! Pourquoi donc ? Certainement parce qu'il sent, lui aussi, les bienfaits de ces séances. Ce matin, je suis mieux et envisage plus sereinement les jours à venir.
C'est une sorcière PAS comme les autres...

mardi 6 octobre 2009

LES FAILLES

J'ai mis des sons, des chants d'eau et de baleines sur mon ordi, dans mes oreilles pour me couper du monde l'espace de quelques minutes. J'ai besoin d'air, d'oxygène. J'ai fait un constat : je ne veux plus vivre comme je vis. Je veux changer les choses, quitter le quotidien que l'on m'impose pour partir vers un autre style de vie. Ne plus cotoyer chaque jour des choses négatives qui m'agressent et me blessent. Ou alors il faut que j'investisse dans une carapace plombée et blindée qui me protègera du monde extérieur. Ou bien trouver des failles obscures mais tendres, s'y blottir, s'y réfugier et n'en sortir qu'en de très rares occasions pour profiter des bons moments que nous offre notre vie... Est-ce possible ? Carapace ou faille ? Les deux peut-être ; une belle carapace au fin fond d'une crevasse pleine de douceur et n'émmerger que lorsque celui ou celle qui pointe son nez montre patte blanche...Quand donc cesserai-je d'avoir peur du loup ?

mercredi 23 septembre 2009

CHRONIQUE

J'ai lu hier sur je ne sais plus quel blog ( j'en suis tellement que ça tourne à l'addiction...) que le cancer devenait une maladie chronique que l'on pouvait soigner pendant des années !!!!.... J'en suis restée muette sur le coup ! Chronique ? Comme l'asthme, la polyartrite ou je ne sais quoi d'autre ??? Et bien non, je ne veux pas le croire ! Que l'on ne me parle pas de traitements à rallonge, d'espoirs minimes, de possibilités infinis de la recherche, des progrès incontestables pour limiter les dégats. Je ne veux pas en entendre parler, on en parlait déjà il y a 25 ans avec l'interféron ou autres. Et ma soeur ainée en est morte, et ma mère en est morte !!! alors Basta ! Arrêtez de nous raconter des salades. Dites nous simplement : nous ne savons pas. Point barre ! Et laissez-nous faire nos choix ! Seule ! comme toujours !!
Je sais, vous penserez que c'est facile dans mon état actuel de "criser". Alors excusez-moi, celles qui n'ont pas d'alternative en ce moment.

jeudi 17 septembre 2009

MADAME REVE

Voilà, j'ai posé ma première petite pierre (juste un petit caillou un peu aplati pour faire une base) dans mon jardin. Il symbolise le début de cette aventure, cet Après que l'on imagine lorsque l'on est malade. Ne pensez-pas un instant que je suis guérie de mon cancer. Le cancer, on n'en guérit pas. Outre le fait que pas un médecin n'ose prononcer ce mot-là, on ne guérit jamais de cet ouragan qui secoue notre corps et notre esprit. Non, je ne suis pas guérie, juste un peu en repos et mon corps AVEC MOI. Cela faisait presque deux ans que je ne m'étais pas sentie aussi bien dans mon corps. Je crois que je lui en voulais trop à ma carcasse, j'étais trop en colère après elle. Cette colère-là a disparu et en même temps je crois que j'ai enfin pardonné à ma mère de m'avoir refiler cette mutation génétique qui fait de moi une proie de choix.
Je n'avais même pas réalisé que je lui en voulais à Maman. C'est un peu bête d'en vouloir à quelqu'un qui me manque depuis plus de 20 ans. Mais c'est ainsi, je m'en suis rendue compte aujourd'hui en allant chez ma "sorcière". Les choses sortent, le corps parle et aujourd'hui il était plein de pardon alors je pardonne et je me sens mieux. Enfin...

LES PIERRES DANS MON JARDIN

Et voilà, le 15 septembre, je suis allée dans mon centre médical "préféré" pour passer des examens de controles. Les nouvelles sont bonnes. D'ailleurs si ce n'avait pas été le cas, je pense que tous mes mots auraient été engloutis dans un flot de larmes et de rage. Je n'avais plus mis les pieds là-bas depuis plusieurs mois et savais pertinemment que les choses ne seraient pas simples. J'avais donc pris mes gouttes miracles anti-stress à base de plantes ainsi que mes petites pastilles sencées me calmer et me préparer au choc ! Tu parles d'un choc !!! j'ai tenu pendant les examens (merci au monsieur du scanner absolument, superbement gentil et attentionné!) mais arrivée dans la salle d'attente de l'oncologue (j'allais écrire MON oncologue mais elle ne sera jamais Mon oncologue...) j'ai cru que ma patience allait se transformer en une éruption volcanique totalement incontrolée !!! Je suis là avec mon petit livre et mes lunettes(je n'y vois plus rien ou presque si je les oublies...la rage!) et j'attends, je relis trois fois chaque phrase, je soupire, risque un regard vers les autres malades qui sont là. Et la colère, la rage montent irrésistiblement. Je me suis même dit au bout d'une heure d'attente que je serai prête à tuer quelqu'un !!! je sais c'est grave docteur ! je ne maitrisais plus rien. Trop d'angoisse ! va-t-elle me manger à la sauce métastases où pas ? Va-t-elle m'imposer de nouveaux traitements que je refuserai de toutes façons ? Le ciel va-t-il s'effondrer maintenant, ici, tout de suite ou pas ?
Bref mon cerveau en ébullition totale semblait sur le point d'exploser !!!
et puis, c'est mon tour, je lis l'envie dans les yeux des autres patients qui eux attendront encore un peu...
"Comment allez-vous ?" me dit-elle.
"C'est vous qui allez me le dire." Ton sec et qui ne laisse pas de place au doute.
"Tout est parfait" lache-t-elle dans un mini sourire. Tout va bien.
Alors je n'ai pas pu m'empêcher de sourire aussi ... c'est contagieux !
Ma rage a disparu dans l'instant et je me suis dit que j'allais faire une petite pyramide dans mon jardin. Une pierre par jour pour ne pas oublier les instants de bonheur où j'enterre mon statut de malade.

mardi 8 septembre 2009

COMME UN LEGO

Comme un légo je me sens. Et ça sent quoi un légo ? Je ne sais pas trop. Un peu vide peut être avec un léger doute sur les jours à venir sans doute. Un poids au niveau de la poitrine et un grand trou dans l'estomac. Je compte les jours avant mes prochains controles et j'oscille entre la peur de mauvaises nouvelles et la trouille de bonnes nouvelles. J'oscille sur mon fil et ne peux me résoudre à retrouver mon équilibre. Perdue, je suis perdue et mon fil est de plus en plus glissant et balançant... Depuis ma chute , je n'arrive plus à équilibrer mon fil de funanbule. J'ai beau m'accrocher à mes stabilisateurs, je vacille de plus en plus à chaque pas. Retrouverai-je un jour ce bel équilibre qui fut le mien ???? Quelque chose est cassé, fissuré à jamais....


"J'appelle ça des failles parce que c'était ça. Pas des ouvertures ni des des cassures. Mais des fissures obscures dans le globe lumineux du jour" Tony Morrison

lundi 27 juillet 2009

LA COULEUR DES YEUX NE FAIT PAS LE REGARD

Eté 2009. L'année dernière clouée à la maison par ma chère petite maladie et ses traitements, je n'avais pu assister à aucun spectacle pendant l'été. Cette année je me rattrape avec un certain bonheur. Huit spectacles en dix jours et presque tous de qualité.
Le tout premier musical où j'ai découvert dans le théâtre antique d'Arles un chanteur de tango argentin Melingo. Pour tout dire, j'étais venue voir Juliette qui était invité en "Guess" star et j'ai découvert un fameux chanteur qui m'a donné envie de me mettre à l'espagnol !! le lieu était magique ; seul bémol : le public qui sous prétexte que le concert est en plain air, se permet tout ou presque sans aucun respect pour l'artiste...C'est mon côté bougon qui ressort.
En Avignon, le mois de juillet est très particulier. Dédié depuis des années au Dieu Théatre, on y trouve plus de 1000 spectacles, du meilleur au pire. Le plus difficile étant de swingger avec les horaires, les moyens financiers et la qualité des spectacles.
Mon bilan est très positif, beaucoup de chanson française avec 4 baleines au moins au spectacle de Michèle Bernard et l'ensemble vocal "Evasion" qui chante à capella un univers bariolé, intelligent, critique et attendrissant.
Jean Guidoni aussi qui chante Prévert et nous fait redécouvrir la verve de l'écrivain et son acidité ou son surréalisme avec une fougue jamais perdue et une voix inimitable.
Du théâtre aussi, des textes plus beaux les uns que les autres et des actrices qui donnent le meilleur d'elles-même pour nous offrir des moments rares où culture et bonheur se mêlent enfin.
Voilà une petite chronique estivale, à l'heure où les esprits s'échappent vers des vacances bien méritées. Attention, Mesdames, Messieurs, on nous endort ; on berce nos neurones , on les enrobe de sucre et on les ramollit ! Allez voir les spectacles d'été, ils vous recoueront bien mieux et plus vite que tout autre moyen de résistance !!!!

PS : la baleine équivaut sur ce site au FFFF de Télérama ... !!!!

jeudi 16 juillet 2009

LE SOLEIL NOIR

Je pensais que "le soleil noir" n'était qu'un titre de chanson de Barbara. Je me trompais, j'ai découvert le soleil noir en Haute Marne, au fin fond de cette campagne française si verdoyante dès que l'on dépasse Lyon ! Passé le choc thermique '35° au départ 22° à l'arrivée' nous avons pris goût à cette fraicheur. Direction les lieux de culture et de promenade multiples qui jalonnent ce département terriblement oublié. Et là j'ai découvert dans la salle d'exposition du chateau de Joinville le Soleil Noir. Une exposition d'un artiste contemporain qui m'a chavirée ! J'adore l'eau, c'est mon élément premier mais je déteste y pénétrer violemment. Et là chavirage assuré ! De drôles de feuilles plus ou moins noircies, trouées, brulées qui forment un immense tableau de plusieurs mètres de long et de haut, une sensation de mouvement, de tumulte incontrolé et des émotions qui dégringolent dans une joyeuse insouciance !!! Je hais l'art contemporain !!!! Il m'attrape quand je m'y attends le moins et provoque des millions de questions plus troublantes les unes que les autres. Dans la deuxième salle, une oeuvre toute noire à l'exeption de deux personnages clairs qui se reflètent dans un plancher noyé d'eau. Je suis restée un moment assise face à cette oeuvre avec moins d'angoisse que pour la première. Je n'ai pas peur du noir et des ténèbres mais le tumulte de la vie m'effraie et il me faut rentrer dans ma coquille pour éviter le débordement de mes sentiments. Tout n'est pas bon à dire. Parfois le silence est ...un soleil noir...

jeudi 2 juillet 2009

L' EPOPEE DU BUVEUR D'EAU

Le mois de juin (déjà fini !) est sous le signe de l'eau. Le buveur d'eau, c'est moi... Je cherche en vain le moyen de me rafraîchir aussi bien physiquement que moralement. L'été est arrivé bien trop tôt ici et je me cantonne dans mon mas provençal, bien à l'abri de notre platane pour tenter de trouver un peu de fraîcheur. Je me traîne, tel un glaçon, ou plutot un iceberg, dégoulinant , fondant lentement mais sûrement. Le soir n'amène aucun bien être et je recommence à mal dormir. Je traine de multiples douleurs plus ou moins prenantes mais il me semble n'avoir presque jamais de repos. C'est la tête, docteur !!!
Je devrais pourtant trouver de l'énergie auprès de mes hommes mais je crois qu'eux aussi sont fatigués, lassés du cours qu'a pris notre vie depuis presque deux ans. Ils sont là, droits dans leurs chaussures, regards fiers et verbe haut mais cela ne cache pas leur lassitude.
Mon homme ne supporte plus son boulot et surtout ses collègues mais il a du mal à lacher les mots pour relacher un peu la pression.
Mon ainé, enfin revenu de l'autre bout de la France où il fait ses études, s'est lancé à corps perdu dans son job d'été. Il a encore tellement changé cette année que je peine parfois à suivre ... Il joue l'ours mal léché pour mieux cacher ses angoisses. Je n'ose presque plus le prendre dans mes bras pour un petit calin même quand j'en meurs d'envie.
Quant à mon petiot qui fêtera ses 17 ans cette année, je ne sais comment faire pour le soutenir. Il est en grande forme apparente, vient d'avoir son code et finit de passer l'oral du bac de français demain mais déclare à qui veut l'entendre : "on a qu'une jeunesse, alors laissez moi en profiter !!" (avant qu'il ne soit trop tard...).
Mais il est un peu tard, je crois, je lui ai un peu cassé son insouciance et je m'en veux (oui, je sais, je n'y suis pour rien !!!). Comment faire pour les protéger, leur faire croire que tout ira bien alors qu'au fond de moi, je suis certaine du contraire. Comment ?
Poët, Poët !!! J'arrête et file à la piscine. Là, je m'immerge et m'imagine Orque Végétarienne.
Que la vie est belle au fond de l'eau !

mercredi 10 juin 2009

MON CORPS

Parler de son corps, je ne l'ai jamais fait. J'ai toujours été d'une pudeur intense. Mon corps n'appartenait qu'à moi et personne ne devait le voir, le juger, le commenter. Alors ce corps, je l'ai regardé grandir, s'arrondir, se former puis se déformer.
Enfant, j'étais fluette, deux jambes ficelle et un petit corps tout en côtes ; puis lentement mais sûrement et sans vraiment savoir pourquoi ma carcasse s'est arrondie tout en grandissant. Puis d'arrondie, je suis devenue obèse puis à l'age adulte obèse morbide. J'adore cette appellation médicale "obèse morbide" qui signifie que mon excédent de poids me met en danger...
Bref cette carcasse, que j'avais apprivoisée, avec laquelle je poursuivais mon chemin et que j'avais appris à aimer, m'a trahie. Trahie, c'est ce sentiment là que j'ai ressenti au plus profond de moi lorsque j'ai su que j'étais cancéreuse...Alors quoi ! toutes ses années d'adaptation, tous ces kilos trimbalés, assumés, acceptés, n'ont servi à rien !!! Parce que quoi ! Il faut bien l'admettre, toute cette graisse accumulée et entretenue devait servir à me protéger ! Et puis rien. Le vide.
Ensuite il a fallu accepter la mutilation, enlever mes deux seins pour les remplacer par deux bouts de silicone vaguement flottants ! On dit adieu à cette partie de son corps en prenant la dernière douche à la bétadine, on les caresse, on les colore de cette couleur orangée qui empeste et l'on sait qu'au réveil , ils ne seront plus là. Etrange sentiment d'abandon...Bien sûr, il y va de ma vie alors on accepte une fois de plus et on apprend à regarder ces deux nouvelles "masses" insensibles ou presque, puis on les touche et enfin on les masse (puisque c'est essentiel pour éviter les complications!!). C'est un autre parcours que l'on ne réalise pas seule mais presque ; des décisions que l'on assume toute seule et un autre départ avec un autre corps, une autre carcasse. Presque une renaissance ?

jeudi 28 mai 2009

VIVE LA NATURE !

Je suis du genre à apprécier la nature. Citadine de naissance, j'ai appris à vivre à la campagne avec tous les avantages et les quelques inconvénients que cela comporte. Mais là trop c'est trop ! Depuis deux nuits j'ai retrouvé mes nuits agitées , réveil vingt fois dans la nuit, impossibilité de me rendormir, neurones qui s'agitent dans tous les sens, angoisses répétées et tout cela à cause de quoi ? Je vous le demande ? A cause du mistral hyper violent et d'une chouette dépressive qui "pleure" toute la nuit !
Je vous explique (pour ceux et celles qui ne vivent pas dans le sud) : le mistral est un vent souvent violent qui vient du nord et balaye allègrement toute la vallée du rhône et les Bouches du Rhône en particulier. L'hiver c'est l'enfer ! L'été, cela soulage un peu. Mais souvent pour les "implantés" comme moi, il est insupportable ! D'ailleurs on dit ici que le mistral rend fou les "étrangers" !! Jusqu'à présent, je ne disais trop rien mais les rafales de vent dans les peupliers et les cyprès m'empêchent de dormir et quand on touche à mon sommeil, je deviens féroce !!
Si vous ajoutez à cela une chouette (sûrement magnifique avec ses petits yeux jaunes qui roulent dans tous les sens) qui "houhoutte" toute la nuit, c'est simple je dijoncte !!Je m'imagine en chasseuse vengeresse prête à abattre tous les oiseaux qui se présentent. Je perds tout mon humour! Je ne vais quand même pas mettre des boules quies pour dormir ! J'habite à la campagne moi !!!!
Allez, je me calme. N'ayez crainte ! ma colère se dissipera toute seule dès que j'aurai aperçu le petit écureuil qui vient parfois dans mon platane...
Denticètement votre.

lundi 25 mai 2009

MA MALADIE 2

Il me faut du temps pour en parler ; les choses ne sont pas simples. Après la confirmation de mon médecin-ami ; rdv chez la gynéco le samedi matin. Mon homme est avec moi. Nous attendons dix minutes devant la porte du cabinet (fermé le samedi matin sauf pour les "urgences" ; donc je suis une urgence) avec un mince espoir au fond du coeur. Regards échangés chargés d'angoisse. Pas un mot. C'est trop dur et pour lui et pour moi. La gynéco arrive, nous installe, regarde la mammo puis nous lance : "vous choisissez la double mastectomie ? "
Mon homme s'affaisse de dix centimètres sur son fauteuil et moi je sussure : "double ? pourquoi ? " Et nous voilà partis dans les statistiques et les pourcentages de récidive dans une famille comme la mienne and so on... Petite palpation pour vérifier, rdv pris pour la ponction puis l'opération, puis l'oncogénéticienne, puis le chirurgien esthétique puis le labo puis.....
Nous sommes sortis, muets, perdus, face à nous même. Dans la voiture j'appelle ma chef pour lui dire qu'elle ne me reverra pas avant un an. Et là mon homme se met à pleurer. Pleurer. Vingt ans de mariage et c'est à cause de moi qu'il se met à pleurer...il sanglote et je m'en veux à mort de lui imposer cela. Merde ! merde !! Je hais ma famille maudite, cette vie injuste, ces toubibs qui vont me "prendre" ma liberté. Je hais le monde entier. Je sais que nous sommes partis pour un parcours du combattant qui mettra fin à notre union ou qui au contraire nous rapprochera comme jamais. C'est quitte ou double ! Pile ou face ! Pour moi ce sera double et face puisqu'à aucun moment mon homme n'a flanché ; chaque rdv pris le fut à deux ; chaque décision longuement réfléchie le sera à deux (même si c'est moi qui ai le dernier mot ! c'est mon corps après tout!). Le rdv chez l'oncogénéticienne sera décisif ; une femme HUMAINE, il en existe dans le milieu médical (contrairement à ce que je croyais) ! beaucoup d'explications, de réponses à mes questions, d'écoute et de liberté. Test génétique demandé en urgence à Marseille et trois semaines plus tard, juste avant les vacances de Noël, le verdict est tombé. Pas de surprise bien entendu ; je suis porteuse de cette mutation génétique qui fait de moi un choix privilégié pour développer un cancer du sein précoce. Beau cadeau de noël, je pars chez Isabeau pour les fêtes et je sais au moins à quelle sauce je serai mangée le 2 janvier : double mastectomie avec reconstitution immédiate. Cela parait dur à avaler mais j'ai passé un Noël merveilleux avec ceux de ma famille qui comptent le plus ! soulagée ...et morte de trouille !
Pour la suite, il faudra encore attendre un peu...

mardi 19 mai 2009

LES BALEINES


Ma mascotte, c'est la baleine. C'est aussi mon petit surnom entre ma très douce soeur et moi -même lorsque en plein été il nous arrive de prendre des couleurs rosé voir rouge à cause du soleil. Nous nous traitons alors aimablement de baleines roses...


Plus petite, elle me traitait de baleine tout court et cela avait le don de provoquer chez moi des colères noires (ou rouges, je ne sais plus) ! A cet époque là nous n'étions pas très amies. Je sais, tout cela peut paraître bancal mais notre enfance fut plutôt dans l'affrontement. Elle était Tout et j'étais son contraire. Point à la ligne.


Il n'y avait que l'EAU qui nous rapprochait. De l'eau aux baleines, il n'y a qu'un pas !


J'aime ces énormes mammifères sans aucune agressivité et qui se nourissent de microscopiques bestioles marines. Il a du bien se marrer le Bon Dieu quand il les a créées !! Une grande leçon d'humilité : je vous donne la force mais un caractère placide, une grande gueule mais un chant d'une douceur improbable, un estomac phénoménal mais un appétit de crevette !!!


Bref, tout moi ou presque...

L'orque, c'est pour la couleur : un panda déguisé en mammifère marin !

lundi 18 mai 2009

LA MUSIQUE

Ma grand mère (ce n'était pas que la Mienne, mais ici je parle de moi) , Mammie, m'a quitté depuis 30 ans au moins. C'est elle qui a ouvert mon oreille, éduqué mes esgourdes, formé mes pavillons, désensablé mes portugaises !!! Elle était professeur de piano à une époque où toutes les jeunes filles de bonne éducation se devaient d'apprendre la "bonne musique".
Je suis arrivée plus tard, bien plus tard, petite dernière d'une fratrie de cinq bambins. Les ainés ayant résisté à la pression familiale, c'est sur moi que s'est porté le regard de la "musicienne" de la famille. Je n'étais pas vraiment contre malgré mon jeune âge et dès six ans j'ai commencé le dur apprentissage des portées ! Moins facile que la lecture...encore que ! Bref tout allait bien dans le meilleur des mondes jusqu'au jour fatidique où il fallut choisir un instrument !
Pour moi, garçon manqué, cheveux courts et gabarit de fil de fer, une évidence : la trompette !
La trompette ? Tu n'y penses pas Frédérique ! Tu es une fille ! les filles jouent du piano, du violon ou encore de la harpe mais pas de trompette !!! décision irrévocable ! Alors pour faire plaisir à Maman, j'ai choisi la harpe. Pour faire plaisir... toute mon histoire. Ne tentez pas d'imaginer mon premier cours de harpe! Mon physique de sauterelle ne me permettait pas de maintenir l'Enorme instrument (harpe classique bien entendu!!!) et il m'a fallu plus d'un an pour maitriser la bête. Toujours est-il que j'ai appris la musique classique, les gammes, les heures de travail, la rigueur, et le bonheur de jouer "correctement" une partition bien travaillée. J'ai même participé à des concours de musique de chambre et autres douceurs de gentille petite fille de bonne famille !!! Cette aventure a duré sept années puis arrivée à l'adolescence la petite fille a décidé que sa vocation avait assez duré et qu'il fallait s'ouvrir à un autre monde moins "classique". Ce fut le "crasch" parental !!! Grande scène du deux !!! Menaces et tempête mais la demoiselle n'a pas changé d'avis. La sanction fur immédiate, je fus exilée en internat à 50 kilomètres de chez moi, histoire de réfléchir à mon entêtement !
Mais tout cela n'est qu'annecdote, ma grand mère m' a permis de comprendre l'importance de la muisque dans ma vie. Elle m'a construit un petit nid douillet où les notes(du classique à la variété) se pelotonnent en attendant que j'ai besoin d'elles. Ces jours-là, et ils sont nombreux, je me love dans ce petit nid chaleureux et je me laisse porter loin de la réalité qui me blesse, loin des hopitaux qui laissent des traces indélébiles sur mon corps.
Merci Mamie, merci tout simplement.

jeudi 14 mai 2009

SORCIERE ? Vous avez dit Sorcière ?

Je reviens d'un rdv chez la kinésiologue, ma soeur appelle ça "la sorcière"...ça existe les gentilles sorcières ? Parce que celle là est particulièrement gentille. Elle me fait du bien au corps et à l'esprit ; d'ailleurs il ne faut pas séparer les deux dit-elle. Aujourd'hui elle m'a "fait cracher" toute ma peur, ma terreur des médecins (qui nous veulent du bien!!) des hopitaux (où l'on va "pour son bien"). Avec son petit carton rouge, elle a provoqué en moi une peur indicible, tripes nouées, larmes convulsives, retour en arrière (mes séances de chimio), je devais m'accrocher à sa main pour ne pas sombrer. J'ai eu peur de la violence de ces émotions. Je m'en croyais incapable. Et tout cela était enfoui dans mon corps, bien en chaud au creux de mon ventre. Tout est sorti ou presque. IMPRESSIONNEE, je le suis.
Et du coup, j'écoute de la musique classique cet am, moi qui me "l'interdisais" depuis si longtemps. Trop peur de ressentir des émotions que je ne parviens pas toujours à controler.
Lâcher, lâcher le mauvais et laisser de la place au bon et à l'avenir.
C'est dit : je me lache.

mardi 24 mars 2009

je suis restée orpheline, que c'est bête à 40 ans !

j'ai vidé Rémuzat la semaine dernière, cruelle façon de tourner définitivement les pages de mon enfance. Je suis une orpheline depuis que vous m'avez quittée il y a plus de vingt ans. Orphelin, c'est un mot un peu désuet qui ne quitte pourtant guère mon esprit.
Une maison vide dit tout : l'abandon, le vide, les falaises, le fleuve d'émotions, les souvenirs et les larmes.
Faut-il vider les mieux pour mieux vivre ? Je n'y crois guère.
Faut-il vider les maisons pour avancer ? Avancer vers quoi ?
Faut-il vider les maisons pour pardonner ? Pardonner quoi ? Le trop d'amour ? Le pas assez d'amour ? Quoi ? Que faut il donc pardonner ? Etre soi-même ?
Je ne trouve pas de réponse à ces qustions là.
Demain.

lundi 26 janvier 2009

MA MALADIE

Le titre annonce tout : je suis malade. Depuis novembre 2007, le 8 exactement, deux jours après mon anniversaire, je suis passée du statut de "bien portant sous surveillance rapprochée" au statut de "malade" ! et ce en quelques minutes. A peine le temps de s'angoisser, à peine le temps de respirer et le monde bascule de façon irréversible. IL Y A UN AVANT ET UN APRES. Un peu comme avant d'être mère et après. En moins positif cela va de soi !
Le 8 novembre 2007 donc je vais passer une mammo de controle (famille à risque=suivi régulier depuis que j'ai 15 ans) ; rituel bien huilé et étrangement ce jour là, je ne m'angoisse pas. Tout va bien, j'y vais la fleur au fusil contrairement aux années précédentes ou l'idée même de la mammo me terrifiait un mois avant et quinze jours après ! Bref, premier cliché après avoir répondu au questionnaire familial (commentaire de l'assistante (sacrée famille !!!) merci, je sais...) et on attend. "Ne vous rhabillez pas!" ben si je me rhabille, c'est pour forcer le destin...Retour de l'assistante..."on refait un cliché" ..ok je sais j'y ai droit tous les ans..."ne vous rhabillez pas!" et si je me rhabille, de toutes façons c'est fini là ! Retour mais cette fois ci c'est la radiologue...aïe..."on fait une écographie" et là c'est fini, le coeur s'emballe et on serre les dents. Radiologue hyper fermée, rien lacher, à peine répondre aux questions et juste dire "il faut appeler votre gynéco". Résultats inscrits en bas de la feuille : ACR5
Retour dans la voiture, assise, appeler la gynéco, rdv samedi matin en urgence, je pars au boulot.
Soixante kilomètres plus loin, j'appelle ma soeur et fond en larmes. ACR5 ça veut dire quoi ? Elle ne sait pas mais appelle son radiologue. Travail toute la journée sans savoir comment. Retour maison, chercher sur internet ACR5 : j'ai un cancer du sein ! voilà les choses sont dites. Isabeau, ma soeur, me rappelle :"le radiologue dit que ce n'est pas bon".
Aller chercher mon fils au ramassage scolaire, l'air de rien, le palpitant à 250, rentrer, appeler mon homme pour lui dire de rentrer tout de suite, pleurer dehors contre le mur de la maison. Arrivée de mon amie Eupen qu'Isabeau a prévenue en urgence. Mon homme arrive, je pleure dans ses bras et explique à mon fiston ce qui se passe. Larmes, peur, peur, peur... Une visite éclair chez mon médecin-ami généraliste qui ne peut que confirmer. Voilà, je le sais maintenant, je suis malade et plus rien ne sera plus jamais comme avant. PLUS RIEN.

jeudi 22 janvier 2009

ECRIVAIN RATE

22/01/2009

je croyais que l'utilisation intensive du clavier faliciterait la rédaction. Il semble que je me trompais un peu...Pour commencer il faut que je vous explique que je suis considérée dans ma famille comme un écrivain "raté" ! Ou plutôt comme l'écrivain raté de la famille ! Cela change tout. Alors autant mettre les choses au point tout de suite : raté je l'accepte mais écrivain c'est une honte ! Je n'ai jamais rien écrit de prometteur, tout au plus quelques lettres passionnées, quelques poèmes enflammés, quelques chroniques acidulées, quelques albums pour les petiots et enfin quelques débuts de roman jamais finis ! pas de quoi faire de moi UN ECRIVAIN ! Ca non !

J'entends certaines voix qui s'offusquent du fait que je ne féminise pas le nom "écrivain". Oui je suis une femme mais la féminisation excessive des mots m'horripilent. Il n'y aura donc pas sur ce blog d'écrivaine, d'auteure, de mairesse ou autre. Et rien dire !

Pourquoi l'image d'écrivain me poursuit (familialement parlant) ?
Depuis toute petite, je vis avec les mots, je les aime, les lis, les classe. D'aussi loin que je me souvienne, je suis avec eux. A 7 ans, je m'enfermais dans les toilettes pour lire et lorsque mon père m'appelait pour participer à la vie familiale, je lui répondais :"je suis avec Victor Hugo, papa, je lis "les contemplations" !"
Vous connaissez un père qui pourrait réprimander sa fille parce qu'elle lit Victor Hugo dans les toilettes ? Non, moi non plus ! Il me laissait faire.
Mes parents animaient chaque soir de la semaine une étude privée à la maison. Acadomia avant l'heure en quelque sorte ! Maman s'occupait des "primaires",¨Papa des "secondaires" et ma grand mère gérait les lectures. Toutes les lectures ! Du CP à la terminale, tous les élèves passaient entre ses mains pour lire à voix haute : de Colette et Rémy à Rimbault en passant par Sartre ! Elle était installée dans un couloir de la maison devant un petit bureau et attendait patiemment qu'arrivent ses lecteurs du soir. Moi, invariablement, je me cachais sous ce bureau entre le mur et les jambes de ma grand mère pour écouter tous ces mots ! C'était magique, des voyages infinis, des choses incompréhensibles mais tellement belles! Je ne rêvais que d'une chose : apprendre moi aussi à lire pour venir à côté d'elle lire à mon tour tous les livres du monde ! Alors, j'ai très vite appris pour rejoindre ce groupe fabuleux des gens qui savaient lire...et depuis que j'ai mis mon doigt dans cet engrenage, plus rien n'a pu m'en libérer !
Et je ne m'en plains pas !!!!
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